Impossible d’évoquer les Hautes-Alpes sans penser à ses emblématiques résidentes poilues : les marmottes. Ces petites sentinelles des montagnes font souvent la joie des randonneurs, surtout quand elles poussent leur célèbre sifflement d’alerte ou s’aventurent hors de leur terrier pour grapiller un brin d’herbe au soleil. Pourtant, pour les observer dans leur habitat naturel sans les déranger, il faut savoir où chercher, quand y aller, et comment se comporter. Dans cet article, je vous partage mes conseils et spots préférés pour partir à la rencontre des marmottes, en toute discrétion… et avec un brin de chance.
Quand observer les marmottes dans les Hautes-Alpes ?
La marmotte alpine (Marmota marmota) sort de son hibernation vers fin mars – début avril, selon l’altitude et les conditions météorologiques. Elle profite du printemps et de l’été pour se nourrir intensément avant de replonger dans un profond sommeil lors des premiers frimas, généralement autour de fin septembre.
Les meilleurs moments pour l’observer sont :
- De mai à début septembre : période optimale pour les rencontres, avec une activité plus intense le matin (de 8h à 10h) et en fin d’après-midi (vers 17h à 19h).
- Par temps clair et calme : les marmottes évitent de sortir quand il fait trop chaud ou qu’il pleut.
Un petit conseil d’habitué : prévoyez votre sortie le matin tôt si vous voulez croiser le plus de bêtes éveillées et vaquer à leurs occupations. Et surtout, gardez le silence et vos distances. Elles vous repéreront bien avant que vous ne les voyiez.
Les meilleurs coins pour voir des marmottes en liberté
Côté localisation, les marmottes affectionnent particulièrement les prairies alpines, les pierriers en altitude et les versants bien exposés au soleil. Voici une sélection de spots testés (et approuvés) où les chances de croiser leur frimousse sont élevées :
- Le col du Lautaret (2058 m) : Accessible en voiture, ce col mythique regorge de marmottes en bordure de piste – notamment autour du jardin botanique alpin. Parfait pour les familles avec jeunes enfants.
- Les alentours du lac de la Douche (à partir du Casset, Serre-Chevalier) : Une balade de 1h30 aller-retour, très agréable, avec des points d’observation tout au long de la montée.
- Le plateau d’Emparis (accès depuis Besse ou Mizoën) : Panorama hallucinant sur la Meije et une profusion d’animaux dont les fameuses marmottes, souvent visibles en bordure des sentiers.
- Le vallon de la Clarée (Névache) : Un petit paradis pour faune, flore et amateurs de paix. Le sentier qui mène aux lacs Laramon et du Serpent est particulièrement prolifique.
- Le Queyras (notamment Saint-Véran, Ceillac ou Molines-en-Queyras) : Des coins riches en biodiversité, où marmottes, chamois et parfois bouquetins cohabitent sous le regard des randonneurs patients.
Bon à savoir : les marmottes installent souvent leur terrier à proximité d’un cours d’eau, sur des prairies en pente douce. Utilisez vos jumelles pour scruter les zones dégagées en hauteur ou les tas de pierres chauffés par le soleil.
Comment s’approcher de la marmotte sans la déranger ?
On ne le rappellera jamais assez : une belle observation est une observation respectueuse.
- Ne vous approchez pas à moins de 20-30 mètres : au-delà de cette distance, elle considérera votre présence comme une menace. Respectez leur zone de confort pour ne pas les stresser inutilement.
- Ne jamais tenter de les nourrir : même si certaines marmottes, habituées des spots touristiques, viennent quémander, ne cédez pas. Leur système digestif est fragile et leur alimentation très spécifique.
- Restez immobile ou dans l’axe du vent : la marmotte a un excellent champ de vision et un odorat développé. Si vous bougez lentement, à contre-vent, elle aura moins de chances de vous repérer.
- Parlez à voix basse et évitez les gestes brusques : plus vous ferez corps avec le paysage, plus votre présence passera « inaperçue ».
Une astuce simple mais efficace : asseyez-vous en terrain dégagé, attendez 5-10 minutes sans bouger. Avec un peu de patience, les plus téméraires pointeront leur museau hors du terrier et vaqueront à leurs occupations… comme si vous n’étiez pas là.
Quels équipements prévoir pour une « marmotte-session » réussie ?
Observer les marmottes ne demande pas de matériel spécifique, mais quelques éléments peuvent grandement améliorer votre expérience :
- Jumelles ou petite longue-vue : pour observer de loin sans interférer avec leur activité. Une paire avec un grossissement de 8x ou 10x fera très bien l’affaire.
- Appareil photo avec zoom : le compact suffira dans les spots les plus « fréquentés », mais un reflex ou hybride avec téléobjectif (200 mm minimum) vous offrira de belles prises, à condition d’être patient(e).
- Tapis de sol ou petit siège pliant : restez discret et à ras du sol sans finir trempé ou couvert de poussière.
- Vêtements en couleurs neutres : pour ne pas détonner avec le décor et passer « inaperçu”. Le kaki, le brun, ou le gris sont vos amis.
- Crème solaire et eau : l’altitude tape fort, et même si vous ne marchez pas longtemps, la déshydratation guette vite.
Rien de pire que de louper une belle scène de vie sauvage parce qu’on a oublié la carte mémoire ou que la batterie est à plat. Petit check rapide avant de partir : jumelles, appareil chargé… et une bonne dose de patience.
Anecdotes sur le mode de vie de la marmotte
Outre son look de peluche modèle XXL, la marmotte est une bête fascinante :
- Elle hiberne environ 6 mois par an, entassée avec sa famille dans un terrier bien isolé, où la température peut tomber à 5°C. Son rythme cardiaque passe de 100 à… 5 battements par minute !
- Son terrier est un vrai labyrinthe, parfois profond de 2 à 3 mètres, avec plusieurs entrées/sorties, une chambre principale, et même une « latrine ». Ces animaux ne laissent vraiment rien au hasard.
- C’est une star du travail d’équipe : pendant que les autres mangent, une marmotte fait le guet. À la moindre alerte, elle émet un long sifflement clair et tout le groupe disparaît comme un seul homme.
Une fois, en plein mois de mai, sur le chemin montant au col du Granon, j’ai patienté une bonne demi-heure en pleine rocaille, immobile. Une marmotte, plus curieuse que prudente, m’a regardé longuement avant de venir grignoter à trois mètres de moi. J’ai retenu mon souffle. Et mon rire… lorsqu’elle a éternué à faire sursauter sa propre fratrie !
Quelques règles à garder en tête pendant vos balades
Même si l’observation de la faune est une activité merveilleuse, elle nécessite un brin de responsabilité :
- Restez sur les sentiers balisés : non seulement pour votre sécurité, mais aussi pour préserver la flore et les terriers dissimulés.
- Ne laissez aucune trace : ramenez vos déchets, et évitez d’arracher des fleurs ou d’empiler des cailloux.
- Évitez d’emmener votre chien, ou gardez-le strictement en laisse. Les marmottes et autres animaux sauvages ressentent leur présence comme une forte menace.
Se fondre dans le décor, c’est aussi participer à la préservation de cet équilibre fragile. La montagne n’est pas un zoo : ici, chaque rencontre se mérite, et c’est ce qui en fait la saveur.
Observer les marmottes dans les Hautes-Alpes, c’est plus que cocher une case sur une liste. C’est prendre le temps de ralentir, d’ouvrir les yeux, les oreilles, et parfois même le cœur. Alors, la prochaine fois que vous croisez une touffe d’herbe qui bouge, tendez l’oreille… un petit sifflement n’est peut-être pas loin.
Bonnes balades, et ouvrez l’œil (sans oublier l’objectif) !