Un col mythique au cœur des Alpes
Reliant la vallée de l’Ubaye à celle de la Tinée, le col de la Bonette est un passage d’exception entre Alpes-de-Haute-Provence et Alpes-Maritimes. Avec ses 2802 mètres d’altitude, il revendique — à raison — d’être la route la plus haute d’Europe accessible en voiture. Mais c’est bien à pied, à vélo ou même à moto que la magie opère pleinement. En été, ce haut lieu alpin dévoile un panorama à couper le souffle dans tous les sens du terme.
Situé au sud du Parc national du Mercantour, à quelques encablures de la frontière italiennne, le col de la Bonette offre une randonnée panoramique qui mêle la puissance des montagnes, la douceur des alpages et un patrimoine historique fort. Que vous soyez amateur de grande randonnée, photographe de paysages ou simple curieux en quête d’altitude, la Bonette vaut largement le détour un jour d’été.
Comment y accéder ?
Depuis les Hautes-Alpes, le plus simple est de rejoindre Barcelonnette par la D900. De là, prenez la direction de Jausiers, puis entamez la mythique montée vers le col en suivant la D64. Environ 24 km de route sinueuse vous attendent, ponctués de vues plongeantes sur l’Ubaye. L’ensemble est parfaitement roulant, avec une surface asphaltée et bien entretenue, mais attention tout de même : la route est étroite par endroits, et la circulation peut s’intensifier en plein été, surtout entre 10h et 15h.
Comptez environ 1h10 depuis Barcelonnette jusqu’au sommet du col en voiture, avec une arrivée à 2802 m (tant qu’on fait le tour du sommet de la Bonette). Si vous y allez à vélo, préparez les mollets : 1600 m de dénivelé positif sur une montée régulière, parsemée de lacets — mythique pour les cyclo-sportifs !
La randonnée au sommet de la Cime de la Bonette
Une fois arrivé en haut de la route, vous avez l’opportunité de faire une boucle pédestre jusqu’à la cime de la Bonette, située à 2862 mètres. C’est la cerise sur le gâteau. L’accès se fait par un petit sentier aménagé qui contourne la cime par l’est, pour ensuite grimper jusqu’au sommet via une épaule rocheuse. Comptez 45 minutes à une heure aller-retour, avec un peu plus de 70 m de dénivelé.
Rien de technique ici, mais une paire de chaussures de randonnée reste vivement conseillée. Attention au vent, souvent très fort au sommet. Panorama à 360° garanti : au nord, l’Ubaye et les Écrins en toile de fond ; à l’est, les Alpes italiennes ; au sud, les cimes abruptes du Mercantour et, par temps clair, le bleu intense de la Méditerranée. Oui, vous avez bien lu !
Panoramas saisissants : que peut-on voir de là-haut ?
Les amoureux de grands espaces seront servis. Le col et ses alentours offrent une lecture géographique passionnante : ici les Alpes du Sud changent de visage, entre roches sombres, pâturages d’altitude et paysages lunaires.
Depuis la Cime de la Bonette, tournez lentement sur vous-même :
– À l’ouest, la Barre des Écrins tranche l’horizon de ses 4102 m.
– Au nord, le massif du Parpaillon déroule ses crêtes arrondies.
– À l’est, les cimes italiennes s’étendent dans la brume estivale.
– Au sud, si le mistral a bien nettoyé le ciel, la mer Méditerranée se devine, scintillante et lointaine.
Un conseil : venez avec vos jumelles. Vous y verrez (presque) la moitié du monde alpin.
Quelle faune et flore en été ?
Cette zone, bien que rude en apparence, abrite une biodiversité surprenante. Parmi les raretés florales, vous tomberez peut-être sur la Saxifrage oppositifolia, une des premières fleurs à colorer les rochers au printemps tardif. Au détour du sentier, les marmottes sifflent leur présence et les rapaces comme l’aigle royal ou le gypaète barbu profitent de l’altitude pour survoler la zone.
Prévoyez d’ouvrir l’œil tôt le matin ou en toute fin de journée : les animaux s’éveillent à ces heures-là. L’endroit reste assez préservé malgré la route. En semaine, en juillet ou début septembre, vous aurez même la surprise de vous sentir seuls au monde au sommet.
Équipements à prévoir
On ne monte pas à plus de 2800 mètres comme on part en balade dans la garrigue. Même en plein mois d’août, la température au col de la Bonette peut chuter rapidement avec le vent ou un orage. Voici ce qu’il faut penser à emporter :
- Coupe-vent ou veste imperméable
- Bonnet ou bandeau, gants fins si vous êtes frileux
- Lunettes de soleil + crème solaire haute protection
- Chaussures de randonnée à tige basse ou moyenne
- Bâtons de marche utiles pour la boucle vers la cime
- Eau (au moins 1,5L/personne) car il n’y a aucun point de ravitaillement au sommet
- Casse-croûte ou barres énergétiques
Et bien entendu, appareil photo exigé. Le spot est un paradis à lumière rasante en matinée ou en fin de journée.
Un peu d’histoire : vestiges militaires
Un autre intérêt du col de la Bonette, moins spectaculaire au premier coup d’œil mais tout aussi marquant, c’est la présence de nombreux vestiges militaires. Le col a longtemps été une zone stratégique, à la frontière du royaume de Piémont-Sardaigne puis de l’Italie. Sur ses sublimes crêtes, vous pouvez croiser :
- Les ruines du Camp des Fourches (à 2 km en contrebas), un ancien camp militaire français encore visible
- Des casernements désaffectés en pierre sèche
- Des fortins d’observation discrets à flanc de montagne
Ce patrimoine donne au site une atmosphère singulière : celle d’un lieu de beauté extrême, traversé aussi par l’histoire et les traces des conflits passés.
Quand y aller ?
La période idéale pour découvrir le col de la Bonette à pied ou à vélo s’étend de la mi-juin à la mi-septembre. Avant ou après, la neige peut rendre l’accès délicat, voire impraticable. Les jours les plus agréables sont souvent ceux de la semaine, où la fréquentation baisse.
Petit secret de local : le lever du soleil à la cime est un moment suspendu. Départ à 4 ou 5h du matin dans la fraîcheur, puis montée silencieuse, frontale vissée au front, et finalement… un bain de lumière qui inonde les Alpes. Magique. À vivre au moins une fois.
Où dormir et se ravitailler ?
Si vous prévoyez de vous attarder dans la région, Jausiers est un excellent camp de base. Plusieurs campings, gîtes, chambres d’hôtes et hôtels y accueillent les randonneurs. Vous y trouverez également boulangerie, supérette, pharmacie et location de VTT ou vélos électriques.
Sinon, pour plus de calme, explorez les petits hameaux comme Saint-Paul-sur-Ubaye ou Meyronnes, nichés dans les replis de la vallée. Authenticité garantie.
Enfin, pensez à faire une halte gourmande à Barcelonnette avant ou après votre ascension. Les terrasses y fleurent bon le sud et la cuisine alpine : tourtons, ravioles d’Ubaye, tommes locales… La récompense du randonneur, tout simplement.
Une parenthèse aérienne
Découvrir le col de la Bonette en été, c’est se frotter à l’altitude avec douceur, et comprendre à quel point les Alpes du Sud savent surprendre. Chaque lacet, chaque colline, chaque sommet raconte une histoire mêlant nature brute et passage de l’homme. On y vient pour la vue, on y reste pour l’atmosphère. Et on y revient ? Clairement.